Emmanuel Macron relance le nucléaire

02 03 2022
Olivier Mary
Kalipic/AdobeStock

Lors d’une visite à Belfort, Emmanuel Macron a dessiné les contours du mix énergétique de la France de 2050. Il reposera plus que jamais sur le nucléaire. Le président a annoncé la construction de six nouveaux réacteurs EPR 2 et la prolongation au-delà de cinquante ans des réacteurs déjà en service. Des efforts seront aussi menés pour développer l’éolien et le photovoltaïque, et moins consommer.

« Il nous faut reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France. » Lors d’une visite à Belfort, le président de la République n’a pas caché sa confiance dans l’atome. Plus de dix ans après la catastrophe de Fukushima, la France poursuit donc sa stratégie énergétique fortement axée sur cette technologie. « Certaines nations ont fait des choix radicaux dans cette période [en tournant] le dos au nucléaire. La France n’a pas fait ce choix, elle a résisté mais elle n’a pas réinvesti parce que ce doute était là. » Pour balayer ces doutes, Emmanuel Macron a annoncé la construction de six réacteurs EPR 2 d’ici à 2050. Le premier des six devrait être construit vers 2035.

Le nucléaire divise

L’EPR 2 est une version censée être plus simple et moins chère que les EPR mis en service en Finlande, en Chine, et en cours de construction à Flamanville. Selon EDF, en les construisant en plusieurs exemplaires et en optimisant le génie civil et les méthodes de construction (l’opérateur prévoit de les fabriquer par deux), des économies d’échelle seront réalisées. Ces six EPR sont tout de même estimés à 46 milliards d’euros au total selon EDF. Mais ce chiffre ne fait pas consensus : RTE estime en effet que ces chantiers pourraient atteindre jusqu’à 64 Md€. Et les révisions incessantes du prix de l’installation de Flamanville incitent davantage à la prudence.

Les six réacteurs devraient être construits par paires sur des sites existants à Penly (Seine-Maritime), à Gravelines (Nord) et enfin soit au Bugey (Ain), soit au Tricastin (Drôme). Ces nouvelles centrales représentent 25 GW de capacité supplémentaire. Le président a par ailleurs envisagé d’édifier huit EPR 2 complémentaires, mais ce projet n’est pas confirmé et doit encore faire l’objet d’études. Les EPR 2 pourraient être complétés par de petits réacteurs modulables (SMR) et des réacteurs « innovants » produisant moins de déchets, mais sans plus de précisions.

En outre, il a annoncé vouloir prolonger au-delà de cinquante ans les installations déjà en service. « J’ai pris deux décisions fortes : prolonger tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être, sans rien céder sur la sûreté », ajoutant « qu’aucun réacteur nucléaire en état de produire ne soit fermé à l’avenir ». Ces annonces ne font pas l’unanimité. « C’est un déni de démocratie. On est sur une décision cruciale qui est engageante pour la France pour des décennies, voire des siècles si on parle des déchets », regrette Greenpeace.

Les EnR aussi dans la course

Outre l’atome, le président mise sur les renouvelables, en particulier sur l’éolien en mer. Il souhaite que soient installés cinquante parcs au large des côtes françaises d’ici à 2050 afin d’atteindre 40 GW de capacité. Quant à l’éolien terrestre, il envisage de doubler sa capacité à la même échéance pour atteindre 37 GW. Cet objectif aurait dû être atteint initialement en 2030… L’ambition est beaucoup plus forte sur le solaire photovoltaïque. Il espère multiplier par dix sa puissance installée pour dépasser 100 GW. Pour atteindre ces objectifs, la réglementation devrait être simplifiée.

Enfin, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de baisser la consommation d’énergie de 40 % en trente ans. Pour y parvenir, il faudra selon lui rénover plus, électrifier le parc automobile, décarboner l’industrie et développer l’hydrogène décarboné. Il a écarté toute idée de sobriété, critiquant au passage la privation et l’austérité énergétique. « Ça n’est pas par la décroissance [ou] par la restriction qu’on arrivera à économiser ces 40 %, et à réduire ainsi nos consommations d’énergie. C’est par l’innovation, c’est par la transformation de nos processus industriels [et] de nos pratiques. »

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