Améliorer les méthodes de caractérisation de la pollution de l’air

15 05 2022
Clément Cygler
FineBokeh/Adobe Stock

Porté par l’Ineris et l’Ademe, le projet exploratoire “Tox in Transport” avait pour objectif d’évaluer l’intérêt d’associer des méthodes de caractérisation de la toxicité des particules en suspension (PM) à des démarches de caractérisation chimique et physique, en particulier sur les quais de gare ferroviaire souterraine et dans les matériels roulants.

La pollution de l’air, en particulier sa fraction particulaire, induit des effets néfastes sur la santé et peut conduire à l’apparition de nombreuses maladies cardio-respiratoires. Il est toutefois difficile de caractériser précisément cette pollution atmosphérique en raison de la complexité de sa composition physico-chimique et son extrême variabilité spatio-temporelle. Le développement et l’évaluation de méthodes de caractérisation représentent donc un enjeu essentiel pour tenter de limiter les impacts de cette exposition chronique. Ce fut également l’objectif central de « Tox in transport », un projet exploratoire porté par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et l’Ademe*. Ce projet, conduit en 2020 et 2021, visait ainsi à « fournir des données inédites sur la réponse à des tests de toxicité des particules (PM) et leurs compositions physico-chimiques prélevées au plus près des voies d’expositions dans des enceintes ferroviaires, sur le quai d’une gare souterraine ou dans l’habitacle d’une rame en roulage ».

Effets toxicologiques

En mars et septembre 2020, deux campagnes de mesure ont été réalisées afin d’obtenir une caractérisation physicochimique et toxicologique des particules présentes, notamment les PM10: la première effectuée sur le quai d’une gare ferroviaire souterraine du réseau francilien et la deuxième dans des rames de matériel roulant ferroviaire. Concernant les résultats en physico-chimie, les niveaux de concentration en particules mesurés sont cohérents avec ceux présents en enceintes ferroviaires souterraines et en rames en France. Une faible variabilité des résultats entre les différentes journées d’essais a par ailleurs été mise en avant au niveau des quais alors qu’à l’inverse, les conditions d’exploitation et les niveaux de concentration en air ambiant vont influer sur les valeurs mesurées dans les habitacles de matériel roulant. « La climatisation semble être un facteur d’influence très important sur la présence de particules notamment au niveau des aspects morphologiques. Les prélèvements lors des trajets non-climatisés disposent d’une grande quantité de particules composées de fer, probablement liées à l’ouverture des fenêtres durant ces trajets », indique l’Ineris.
En outre, des effets toxicologiques ont pu être reliés à la présence de certains paramètres physico-chimiques et à leur niveau de concentration. Dans les deux types d’environnements (quai et rame), les échantillons ont été capables d’induire la production d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) intracellulaires. « L’inflammation semble par ailleurs liée à des concentrations élevées en métaux (notamment en fer) ainsi qu’à un potentiel oxydant élevé pour les mesures sur quai et en rame », précise le rapport. Les résultats obtenus montrent de plus des contributions différentes des substances aux effets étudiés (stress oxydatif et inflammation) liées à la bioactivité et à la concentration mesurée pour chaque substance : le cuivre et le plomb semblent ainsi être les composés qui contribuent le plus au stress oxydatif, alors qu’au niveau de l’inflammation, ce sont principalement le benzo(b)fluoranthène et le benzo(k)fluoranthène qui seraient responsables des indices de potentiels toxiques pondérés (IPP) les plus élevés. Ce premier projet devrait permettre de parvenir à une standardisation des conditions de prélèvement de particules pour caractériser leurs propriétés toxicologiques (in vitro), et faciliter la comparaison de différents microenvironnements.

* Caractérisations toxicologiques in vitro, chimiques et physiques de particules prélevées dans l’air d’habitacles de transport en roulage.

Les émissions cachées du commerce mondial

18 12 2024
Olivier Mary

Le cabinet de conseil Carbone 4 a publié un rapport sur les émissions de gaz à effet de serre importées. Il montre qu’un quart de l’ensemble des rejets mondiaux sont générés par des pays exportateurs pour satisfaire la demande en biens d’états importateurs. Toutefois, elles ne sont pas comptabilisées dans les rejets de ces derniers. La comptabilité…

Lire la suite

Coup de froid sur la COP29

04 12 2024
Olivier Mary

La 29e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) s’est achevée le 24 novembre après d’interminables négociations. Si les diplomates ont sauvé les apparences en parvenant à un accord, cette édition laissera le souvenir d’un monde fracturé qui peine de plus en plus à faire émerger un consensus dans la lutte contre le…

Lire la suite

COP29, une occasion en or pour les énergies fossiles ?

22 11 2024
Clément Cygler

La Conférence des parties (COP) sur le climat s’est-elle un peu perdue pour se transformer en place de marché pour les énergies fossiles ou en une gigantesque opération de greenwashing ? À la lecture d’un rapport de Transparency International et Anti-Corruption Data Collective, on peut de plus en plus s’interroger.

Lire la suite