Malgré l’impact de la crise sanitaire, les gaz verts se portent bien en France, comme en témoignent les nombreux projets actuellement menés ou étudiés. La principale filière, celle du biogaz, verra prochainement son cadre réglementaire évoluer mais veut toutefois continuer sur le chemin de la croissance, et même dépasser l’objectif de développement fixé par la Programmation pluriannuelle de l’énergie. D’autres filières comme le power-to-gas et la pyrogazéification ont également l’ambition de se développer afin de participer à l’atteinte d’un mix de gaz 100 % renouvelable en 2050. Cela va demander un effort à tous les acteurs afin de passer du stade de pilotes et de démonstrateurs à des unités industrielles pour ces filières complémentaires qui présentent bien des avantages.
La question d’une meilleure valorisation énergétique des intrants et de leur cométhanisation est également mise en avant à travers le projet Cométha. Celui-ci vise à concevoir de nouvelles filières de traitement innovantes couplant différents procédés afin de traiter plusieurs substrats, notamment les biodéchets. Ces biodéchets, issus pour une partie des particuliers, feront l’objet d’un tri à la source mis en place par les collectivités d’ici 2025 ce qui nécessitera de concevoir des filières de traitement approprié.
L’innovation sera également essentielle dans la valorisation du dioxyde de carbone obtenu lors de l’épuration du biogaz. Mais l’innovation n’est pas à elle seule suffisante pour sécuriser les projets, et au final améliorer l’image de la filière… Des labels existent comme Qualimétha pour attester de ces bonnes pratiques et rassurer les parties prenantes mais également aider à l’appropriation locale d’un projet. En outre, différentes solutions et pratiques existent pour faciliter cette dernière qui reste un sujet clé.
Édito
Clément CyglerUn projet à expliquer dans sa globalité
Valorisation locale des déchets, contribution à la résilience du tissu agricole, décarbonation des secteurs énergétiques, création d’emplois… La filière du biogaz et plus largement des gaz verts présente des atouts indéniables mais également indispensables pour contribuer à la transition écologique et énergétique de nos territoires. Malgré cela, de nombreux projets, et encore aujourd’hui, rencontrent une opposition locale forte. «Tout le monde s’entend pour dire que la méthanisation est vertueuse, et pour autant il y a le syndrome “Not in my backyard” (Nimby) qui freine localement la mise en place de projets », rappelait dernièrement Hélène Berhault-Gaborit, animatrice générale au sein de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), lors d’un entretien. Cette opposition qui se traduit par des recours devant les tribunaux, représente une des premières difficultés pour la mise en place et la réussite de ces projets, devant peut-être les longues démarches administratives et la recherche de financement.
Mais il faut également préciser que c’est avant tout le porteur de projet qui aura sa part de responsabilité dans le climat autour de sa démarche. D’où l’importance pour eux de communiquer sur le projet dans sa globalité afin d’aider à l’appropriation locale. Comme rappelé dans ce numéro 649, l’enjeu est d’expliquer chaque détail, notamment aux riverains qui seront les premiers concernés, sans oublier les impacts éventuels attendus. Et cette transparence ne doit pas se faire seulement à la mise en place du projet, mais de façon continue… l’évènement survenu mi-août à l’usine de méthanisation de Châteaulin en est la preuve.