Plus vieille centrale nucléaire en fonctionnement en France, Fessenheim va bientôt s’arrêter après plus de 40 ans d’exploitation. Plus d’une décennie après la promesse du président François Hollande, le réacteur n°1 de la doyenne a été mis à l’arrêt et débranché du réseau électrique local dans la nuit du 21 au 22 février dernier. Si cette opération n’a pris que quelques heures, le démantèlement risque d’être plus long, beaucoup plus long. Une fois l’arrêt du second réacteur, prévu en juin prochain, l’évacuation du combustible irradié, entreposé dans des piscines de refroidissement, devrait prendre 4 ou 5 ans. Puis ce sera au tour des équipements d’être progressivement démantelés sur une quinzaine d’années. Restera enfin à assainir le site pour effacer toute trace de radioactivité… une phase complexe dont la durée n’est pour l’instant pas vraiment connue. Le prix global de ce démantèlement n’a pas non plus été précisé. Un milliard d’euros aurait déjà été provisionné par EDF. Une somme rondelette mais insuffisante au vu des surprises que réservent habituellement les chantiers, et encore plus ceux du nucléaire.
Ce qui est sûr, c’est que l’arrêt et le démantèlement de cette centrale, s’ils représentent pour certains une entrée dans une nouvelle phase de la transition énergétique, ne préfigurent pour d’autres qu’un drame industriel et humain. Souvent mis en avant, le volet emplois ne doit toutefois pas freiner nos ambitions et obligations écologiques. Un accompagnement personnalisé des salariés d’EDF concernés par cette fermeture a en outre déjà été organisé. Le Grand Est ne sera pas non plus laissé pour compte. À travers les ambitions du contrat de territoire signé le 1er février, la première région de production énergétique de France pourrait devenir une référence européenne dans la décarbonation des territoires et des industries à l’horizon 2050. Un signe que la transition énergétique est enfin lancée.