Des solutions diverses mais complémentaires pour traiter les émissions résiduelles

05 04 2022
Clément Cygler
Rebs O/AdobeStock

Reforestation, gestion optimisée des sols, captage direct dans l’air, bioénergie… Plusieurs solutions existent ou sont en cours de développement pour réduire les émissions résiduelles incompressibles de carbone. Chacun de ces procédés jouera un rôle vital et complémentaire.

Pour espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici la fin du siècle, la séquestration de quantités importantes de carbone, en complément d’une décarbonation profonde de tous les secteurs d’activité, est nécessaire. Selon un rapport de Energy Transitions Commission (ETC), un groupe de réflexion international sur la croissance économique et l’atténuation des changements climatiques, le monde aura besoin, en fonction des efforts de décarbonation entrepris, de 70 à 220 gigatonnes d’absorption de carbone entre aujourd’hui et 2050.

Cette réduction des émissions nettes cumulées permettra d’atteindre un niveau compatible avec les objectifs climatiques fixés à l’échelle mondiale. Ce document tente ainsi de montrer comment un portefeuille de solutions de captage, combiné à une décarbonisation ambitieuse, pourrait empêcher le dépassement du budget carbone de 1,5°C. Plusieurs techniques au potentiel varié sont en effet disponibles : les solutions fondées sur la nature (NCS), des procédés techniques ou hybrides telles que la bioénergie avec capture et séquestration de carbone (BECCS, selon l’acronyme anglais).

Reforestation et gestion améliorée

Pour l’ETC, ce sont avant tout les NCS, c’est-à-dire des solutions utilisant les processus naturels de photosynthèse pour capter le CO2 de l’air et le stocker dans la biosphère, en surface ou sous terre, qui domineront cette prochaine décennie. Deux types peuvent en outre être distingués : les solutions de restauration qui consistent à modifier le schéma actuel d’utilisation des terres, par exemple en reboisant des terres, et celles de gestion qui améliorent la façon dont les terres sont gérées pour augmenter la séquestration du carbone, sans modifier l’utilisation primaire actuelle des terres (cultures et pâturages).

« L’élimination du carbone par la restauration de forêts, des tourbières et des zones humides pourrait atteindre environ 2 Gt CO2/an d’ici 2030, tandis que les solutions de gestion améliorées pourraient en principe capter une plus grande quantité de carbone, estimée à 3,5 Gt CO2/an d’ici 2030 », détaille le rapport. Toutefois, leur mise en oeuvre peut s’avérer difficile en raison du risque élevé de dégradation de l’environnement, de la limite des terres disponibles et bien sûr de l’incertitude politique.

Solutions techniques et hybrides

Si dans un premier temps, l’essentiel des investissements doit être consacré à ces NCS, le soutien devrait s’orienter dans les décennies 2030 et 2040 vers des solutions techniques et hybrides. Dans tous les cas, « aucune solution de réduction des émissions de carbone ne peut être déployée à elle seule dans des volumes suffisamment importants pour permettre l’élimination des émissions requises. Chaque solution comporte des coûts et des risques différents, et toutes jouent un rôle vital et complémentaire », insiste l’ETC.

Concernant les procédés techniques, celui du captage direct du carbone dans l’air suivi d’un stockage dans des produits ou des formations géologiques (DACCS) est la solution technique la plus importante à l’heure actuelle. En principe, l’échelle du potentiel technique de cette séquestration est presque illimitée, mais les coûts énergétiques restent encore élevés. De plus, les technologies DACCS ne sont actuellement démontrées qu’à de très petites échelles (4 000 tonnes de CO2/an).

Des modèles, économiquement viables, sont cependant susceptibles d’apparaître sur le marche d’ici 2030. Pour parvenir à un portefeuille de solutions complémentaires et à une séquestration suffisante d’environ 3,5 Gt/an en 2030, un fort soutien politique et surtout financier est indispensable : plus de 200 milliards de dollars par an. Il est actuellement estimé à moins de 10 milliards de dollars annuellement.

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