Une démarche d’amélioration continue pour Fleury Michon

02 06 2023
Clément Cygler
Fleury Michon

Fleury Michon s’est fixé un nouvel objectif ambitieux de diminution de la consommation énergétique de ses usines de production. Quatre projets conjuguant récupération de chaleur fatale et optimisation de la régulation ont été confiés à CertiNergy & Solutions.

Depuis plus d’une quinzaine d’années, Fleury Michon s’efforce d'améliorer l’empreinte écologique de ses produits agro-alimentaires. Entre 2008 et 2020, un plan de transformation de toutes ses usines a ainsi abouti à une diminution de 27 % de la consommation énergétique du groupe. Pour aller encore plus loin, ce dernier, dont la totalité des sites de production est certifiée ISO 50001, s’est fixé en 2022 un nouvel objectif de réduction de 30 % de la consommation d’énergie ainsi que d’eau. « Le but est toujours d’améliorer l’efficience énergétique de 30 %, c’est-à-dire l’énergie consommée pour fabriquer un kilogramme de produit », précise François Thibault, chef de projet Énergie chez Fleury Michon.

Une première phase, consistant avant tout à installer de la métrologie, a permis de mieux caractériser les besoins énergétiques et les gisements de chaleur fatale afin de mettre en place notamment des solutions de récupération d’énergie sur les process. Pour mener à bien cette nouvelle démarche d’optimisation énergétique, Fleury Michon a fait appel en 2019, entre autres, à CertiNergy & Solutions. La filiale d’Engie a ainsi été retenue pour améliorer les performances de quatre sites de production : trois situés en Vendée et celui de Cambrai dans le département du Nord. Ce programme engagé sur ces différentes usines devrait permettre d’économiser 9 500 MWh d’électricité et de gaz par an, soit environ 6 % des besoins énergétiques du groupe dans son ensemble. Cela correspond également à une réduction des émissions de carbone de 1 320 tonnes chaque année.

Récupération de la chaleur fatale

À ce jour, les travaux ont été entièrement réalisés sur deux sites vendéens (Chantonnay Charcuterie et Pouzauges en Vendée) et sont en cours sur deux autres (Chantonnay Traiteur de la Mer et Cambrai). Les démarches menées visent avant tout à récupérer la chaleur fatale et la valoriser in situ. « On vient capter, grâce à une boucle d’eau, la chaleur sur les compresseurs à air comprimé, les groupes froids, les condensateurs ou encore les surchauffeurs. Cette chaleur est ensuite utilisée pour le chauffage des bâtiments et la production d’eau chaude sanitaire destinée au process, en particulier à son nettoyage », détaille François Thibault. Sur la majeure partie des sites, il y a un déphasage entre le gisement de chaleur fatale, principalement en journée, et les opérations de nettoyage, effectuées la nuit. « Des cuves de 100 à 120 m³ nous permettent d’accumuler au fur et à mesure la chaleur pendant la journée, et la restituer la nuit sur un laps de temps beaucoup plus réduit », ajoute-t-il.

Si le grand enjeu de la récupération de chaleur fatale est commun, certaines spécificités entre les différents sites étaient toutefois à prendre en compte. Pour Chantonnay Charcuterie, l’intégralité de l’installation, jugée trop vieillissante, a par exemple été entièrement refaite. À Pouzauges, la présence de deux salles dans deux zones de l’usine a nécessité la rationalisation des besoins pour optimiser les performances de ces installations avec les nouveaux équipements de froid. Un meilleur pilotage de l’installation a donc été entrepris avec la mise en place de la solution OCP de Certinergy & Solutions. Cet outil de régulation intelligente de la haute pression et de la distribution du froid permet de gérer les besoins instantanés en froid. Certains équipements ont également dû être modifiés comme les vannes trois voies. Leur remplacement par des modèles deux voies aide à mieux ajuster les débits aux demandes réelles de froid.

Contrats de performance énergétique

Pour ces quatre sites, CertiNergy & Solutions s’est engagée sur une durée de cinq ans dans le cadre de contrats de performance énergétique (CPE) afin de garantir les économies d’énergie réelles. « Il est important d’aller sur des CPE avec des engagements de résultats. Les projets, pour nous, ne sont pas terminés car il y a toute la phase de suivi où la logique d’amélioration continue est également importante à prendre en compte », souligne Chloé Noual, directrice Stratégie chez CertiNergy & Solutions. Un premier bilan énergétique a été réalisé sur le site de Chantonnay Charcuterie. Les autres, à commencer par Pouzauges, devraient ensuite être lancés.

Premier constat : l’optimisation électrique est plus performante que prévue. Le gain sur le gaz qui est induit par la performance énergé- tique, s’en retrouve un peu réduit. « Plus on est performant sur la partie électrique, moins on aura de chaleur fatale à récupérer. Au global, on reste largement positif par rapport à ce qu’il était prévu », se réjouit François Thibault. Une partie de l’investissement a par ailleurs été couvert par le forfait de fiches standards de certificat d’économies d’énergie (CEE), en particulier celle pour la mise en place d’un système de récupération de chaleur sur un groupe de production de froid (IND-UT-117).

Des EnR en réflexion et en cours

Outre une meilleure régulation et une récupération de chaleur fatale, Fleury Michon a également exploré la solution des énergies renouvelables. Cinq centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 4,2 MWc vont ainsi être construites en Vendée. La première devrait être mise en service dès juillet prochain, et toutes devraient être terminées en décembre 2023. Leur production sera entièrement autoconsommée par les différents sites du territoire. D’autres pistes ont été lancées sur la biomasse, le solaire thermique mais aussi sur le stockage. « On étudie les différentes énergies renouvelables mais il faut garder en tête la simultanéité des besoins, notamment l’été, d’où l’importance de réfléchir aussi aux solutions de stockage », conclut le chef de projet Énergie chez Fleury Michon. 

Des équipes dédiées aux utilités énergétiques
La totalité des sites de production de Fleury Michon en France sont certifiés ISO 50001. Chaque site dispose d’une équipe de deux à cinq techniciens Énergie, le plus souvent des techniciens de maintenance dédiés aux utilités énergétiques. « Cela nous permet d’avoir de l’expertise en interne et d’être dans un processus d’optimisation continue grâce aux équipes dédiées », indique François Thibault. Ce dernier anime également les réunions trimestrielles d’une équipe « Transversalité énergie » pour échanger sur les pratiques, les difficultés et les améliorations à dupliquer.

Comment les cimentiers tentent de se bâtir un avenir décarboné ?

21 11 2024
Philippe Bohlinger

Pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, l’industrie cimentière française mise sur des leviers traditionnels – optimisation des procédés, combustibles alternatifs et substituts au clinker – mais ne pourra pas faire l’économie d’investir dans de coûteux systèmes de capture du carbone.

Lire la suite

Les clés de la résilience de l’industrie de l’énergie en France

21 11 2024
Julien Clément, Account Executive chez Appian

Des outils numériques peuvent aider les entreprises du secteur de l’énergie à faire face aux bouleversements actuels (volatilité des marchés, décarbonation, etc.). Ils permettent d’optimiser les actions opérationnelles, faciliter la prise de décision ou encore développer de façon autonome des solutions logicielles sur mesure.

Lire la suite