Une nouvelle manière de penser le photovoltaïque
La compagnie nationale du Rhône a lancé son premier démonstrateur de parc photovoltaïque linéaire bifacial vertical. Derrière ces nombreux qualificatifs, plusieurs technologies qui à terme devraient permettre une nouvelle utilisation de panneaux solaires, le long d’autoroutes ou de voies ferrées.
« Pour que le solaire atteigne ses objectifs en matière de développement, il devra passer par des types de parcs différents de ceux que l’on connaît aujourd’hui », estime Fréderic Storck, directeur transition énergétique et innovation de la Compagnie nationale du Rhône (CNR). L’entreprise, concessionnaire du fleuve depuis plus d’un siècle, fait donc le pari du photovoltaïque linéaire. Un moyen pour elle de développer et de tester de nouvelles technologies. Première étape pour ce projet d’envergure : la mise en marche en décembre 2021 d’un démonstrateur de parc photovoltaïque linéaire, bifacial et vertical dans la commune de Sablons en Isère.
Verticalité pour simplifier l’usage
La première particularité de ce parc solaire repose sur sa verticalité. Une configuration qui permet notamment de réduire la surface au sol occupée par les panneaux. « Dans le cas du démonstrateur de Sablons, ils sont tenus par des plots en béton préfabriqué et une structure métallique spécifique, poursuit Fréderic Storck. Finalement, cela représente environ 1 mètre de large et évite au maximum de gêner l’exploitation du Rhône. » Pour la CNR, l’intérêt de cette technologie à plus long terme est le déploiement sur du foncier ou des ouvrages multi-usages, comme des autoroutes ou des bords des voies ferrées. Le tout en limitant au maximum les conflits.
Cette innovation n’est pas la seule mise en avant par l’entreprise. En effet, un autre point important de ce démonstrateur est le type de panneaux utilisé. « Ils sont bifaciaux, décrit le membre de la CNR. À la place de la backsheet, la feuille inférieure qui recouvre habituellement les panneaux sur leur face côté sol, il y a une autre plaque de verre. » De ce fait, les cellules solaires enfermées dans les panneaux peuvent capter la lumière de toute part. Ils trouvent une utilisation dans la configuration classique, sur les parcs au sol, en captant l’albédo, la lumière réfléchie au sol. Évidemment le type de sol, gravier, béton ou air dans le cas d’un panneau vertical, ne donnera pas les mêmes rendements.
De nouvelles approches à proposer
« Nous ne sommes pas sur une technologie de rupture, mais il reste beaucoup à faire pour rendre les parcs linéaires viables », commente Fréderic Storck. Un parc solaire classique est généralement raccordé au réseau en un point. Mais si dans ce cas il est possible de concentrer la production des panneaux en un seul point, ce modèle est difficilement transposable au linéaire. « Pour que le linéaire soit intéressant au point de vue économique, il faut minimiser les pertes et donc la longueur des câbles. Pour cette raison, nous allons essayer de réaliser des parcs en courant continu sur toute leur longueur qui, ensuite, seront raccordés », poursuit-il. Une idée qui n’est pas testée sur le site de Sablons, mais peut-être pour l’un des prochains démonstrateurs.
« Nous avançons progressivement. Notre premier parc est très court : 350 mètres de long pour 104 kWc. Mais deux autres projets sont en cours pour améliorer le système. Un premier dont le chantier sera lancé en 2023, qui consistera en une ombrière de 1,5 kilomètre de long installée sur un tronçon de la ViaRhôna. » Un démonstrateur plus classique, car les panneaux solaires ne seront pas installés verticalement. Au contraire du troisième projet du programme d’innovation « Photovoltaïque Grand Linéaire » du CNR, qui longera le Rhône sur au moins 10 kilomètres entre deux usines hydroélectriques. Le premier parc de ce type à taille réelle. « En France, il y a 12 000 kilomètres d’autoroutes et 30 000 kilomètres de voies ferrés, et même si tout n’est pas adapté pour la mise en place de parcs linéaires, une grande partie de ces surfaces pourraient être équipées une fois les briques technologiques validées. »