Une dynamique portée par le biométhane injecté
La méthanisation, en particulier l’injection de biométhane, poursuit son développement qui pourrait toutefois ralentir sans un plus grand soutien. En complément, les filières de pyrogazéification, de gazéification hydrothermale et de méthanation doivent encore se structurer.
Porté par les impératifs de la transition écologique, le développement des filières des gaz renouvelables est essentiel pour parvenir à une diversification et une décarbonation du mix énergétique français. Cette dernière année, rythmée par une crise énergétique majeure et l’invasion russe en Ukraine, a confirmé l’importance stratégique d’une production nationale de gaz verts.
Filière la plus mature, la méthanisation a poursuivi son essor. Selon la dernière édition du panorama des gaz renouvelables, réalisée par le Syndicat des énergies renouvelables et les gestionnaires de réseaux gaziers (GRDF, GRTgaz, SPEGNN et Teréga), la France comptait fin 2022 plus de 1 700 unités de production de biogaz. Près de 58 % valorisent le biogaz sous forme de chaleur et d’électricité, 12 % juste en chaleur, et surtout 30 % en biométhane injecté dans les réseaux de gaz. C’est ce dernier segment qui le plus porteur actuellement.
Objectif atteint
Ainsi, en 2022, et pour la seconde année consécutive, près de 150 sites de production de biométhane ont été mis en service, portant leur total à 514 installations, pour une production de 7 TWh (+61 % par rapport à 2021) et une capacité maximale d’injection de 9 TWh/an (+41 %). La méthanisation par injection est ainsi la seule filière renouvelable à être en avance sur l’objectif de 6 TWh de production fixé par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour fin 2023. « En moins de trois ans, la filière biométhane a développé une capacité de production supérieure à celle d’un réacteur nucléaire », soulignent les auteurs du panorama qui appellent toutefois à la prudence. « Ces bons résultats ne doivent néanmoins pas masquer le brutal ralentissement que va connaître la filière dès 2024 », indiquent-ils.
Au vu des projets recensés dans le registre commun aux gestionnaires de réseaux, un tarissement est à craindre. Malgré le fait que 1 175 projets étaient encore dans les tuyaux, les conditions économiques, en particulier la modification du tarif de rachat en novembre 2020, ne sont plus réunies pour favoriser l’émergence de nouvelles démarches. Si le nombre de projets inscrits annuellement au registre des capacités étaient de 250 entre 2018 et 2020, il a chuté à environ 80 ces deux dernières années. Seulement dix contrats ont en outre été signés depuis la diminution du tarif de rachat…
Pour remédier à cette situation, les acteurs de la filière appellent à l’établissement d’« un cadre économique et réglementaire plus stable et sécurisant sur le long terme », ce qui nécessitera la révision du tarif de rachat de biométhane injecté. « La mise en œuvre opérationnelle du dispositif extrabudgétaire des certificats de production de biogaz (CPB) devient une priorité », précisent les acteurs, ajoutant que « le décret d’application est attendu pour fixer une trajectoire significative d’incorporation de gaz renouvelable dans le portefeuille des fournisseurs, et ce dès les premières années de son entrée en vigueur ».
Un développement attendu
La loi d’accélération des énergies renouvelables qui facilite l’accès aux infrastructures gazières, représente au moins une bonne nouvelle, que ce soit pour le biométhane mais également pour les gaz de synthèse produits par pyrogazéification, gazéification hydrothermale ou encore méthanation. Loin d’être totalement matures, ces différentes filières sont encore au stade de projets industriels, voire même de pilotes pour la gazéification hydrothermale. Au total, 70 projets ont déjà été identifiés dont plus des deux tiers en pyrogazéification.
Trois projets de ce type et trois autres de méthanation ont par ailleurs intégré le registre des capacités en 2022. « La mise en œuvre au plus tôt d’appels à projets financés via le dispositif des contrats d’expérimentation permettra également de soutenir leur développement », insistent les auteurs du panorama 2022. D’autant que les potentiels de production semblent importants : selon les projections réalisées, ces nouvelles filières devraient contribuer à plus de 15 % de la production française de gaz bas carbone en 2030 et près de 60 % à horizon 2050 !