Un entrepôt frigorifique sans HFC
La filiale de La Poste Chronopost a mis en service un nouvel entrepôt frigorifique à Argenteuil, dans le Val-d’Oise. Il possède une double particularité. Il utilise des fluides frigorigènes à faible impact climatique et récupère la chaleur générée par les groupes froids.
Chronopost est le numéro un français de la livraison de colis aux entreprises et aux particuliers. L’entreprise ne se contente pas de livrer des paquets classiques, elle transporte également des produits réfrigérés via des services distincts. Par exemple, Chronofresh permet d’envoyer des produits alimentaires frais entre 0 et 4 °C et surgelés jusqu’à -18 °C à des professionnels ou des particuliers. Quant à Chronopost Healthcare, il transporte des produits issus de la biologie médicale jusqu’à -80 °C. La société a donc besoin de les conserver dans des entrepôts frigorifiques. Pour desservir le nord de la capitale, elle a investi un bâtiment existant à Argenteuil, dans le Val-d’Oise. Désireuse d’assurer elle-même la maîtrise d’œuvre, elle a confié à Dalkia Froid Solutions le soin de réaliser ses installations de production de froid. Elles ont été mises en service en juillet 2021.
Une installation doublée
Dalkia Froid Solutions a proposé une offre globale portant sur la production de froid et d’électricité, l’installation de panneaux isothermes et de structures métalliques, ainsi que d’une gestion technique de bâtiment (GTB). Le hangar était initialement équipé d’une chambre froide positive et d’une chambre froide négative fonctionnant au R404a. Ce mélange de fluoroéthanes R143a, de R125 et de R134a se comporte comme un fluide de type hydrofluorocarbures (HFC). Mais il en a aussi les inconvénients. Son pouvoir de réchauffement global est en effet 3 900 fois supérieur à celui du CO2 et le renforcement de la réglementation européenne F-gas prévoit son interdiction progressive. « Nous avons donc agrandi la chambre froide positive existante, qui mesure 1 200 m² et 7 mètres de hauteur, et nous l’avons réadaptée. Nous avons installé un équipement qui fonctionne au propane (R290) pour la partie destinée à générer du froid positif. Grâce à ce fluide, nous produisons de l’eau glycolée comprise à une température entre -4 et -8 °C. Elle alimente les chambres froides avec une température intérieure de 2 °C à 4 °C », détaille David Bry, directeur technique et grands projets de la région Normandie-Nord chez Dalkia Froid Solutions.
Une zone de quai de 500 m² réfrigérée à 2 °C a également été créée. Enfin, le bâtiment comprend une partie de froid négatif de 500 m² et de 7 m de hauteur. « Elle est alimentée par du CO2. On le fait circuler dans des évaporateurs pour avoir une pièce maintenue à environ -24 °C », poursuit David Bry. En tout, le site développe une capacité de 425 kW de froid. Particularité de cette installation, elle a été entièrement doublée. Dalkia Froid Solutions a placé deux groupes froids quasi-identiques afin de sécuriser la production et de garantir la continuité de l’activité. En cas de problème, elle bascule alors automatiquement sur l’autre installation. Lorsqu’il n’y a pas de panne, ces deux équipements s’actionnent en alternance pour fonctionner le même nombre d’heures.
Autre spécificité du site d’Argenteuil, il est équipé d’un système de récupération de chaleur fatale sur les groupes d’eau glacée d’une capacité de 280 kW. « Nous récupérons la chaleur à 25 °C. Un système d’échangeur à plaques a été installé sur le refoulement des installations ainsi qu’un ballon de 2 000 litres pour stocker la chaleur », explique David Bry. Les calories récupérées chauffent une partie du bâtiment en hiver et servent également à alimenter les dispositifs de dégivrage des évaporateurs des chambres froides négatives. Cela évite de consommer du gaz -le site n’en utilise d’ailleurs plus du tout- et entraîne des économies d’électricité. En outre, l’installation est entièrement équipée pour suivre et vérifier ses consommations. « Nous avons mis des compteurs pour l’électricité mais aussi des compteurs d’énergie sur l’eau chaude et froide. Les informations collectées sont envoyées sur un serveur et peuvent être consultées à distance, » conclut David Bry. À l’avenir, un contrat de performance énergétique pourrait être mis en œuvre.