France Relance, des dispositifs pour moderniser l’outil industriel
Responsable de près d’un cinquième des émissions françaises de CO2, le secteur industriel doit réduire son impact environnemental. Optimisation énergétique de l’outil de production, électrification des procédés ou encore recours à des énergies thermiques renouvelables, autant de solutions soutenues par le plan France Relance.
Pour atteindre les objectifs climatiques de la France, en particulier la neutralité carbone à l’horizon 2050, la décarbonation de tous les secteurs d’activités est une priorité. Dans le secteur industriel, les efforts entrepris depuis plusieurs décennies doivent se poursuivre pour améliorer l’efficacité énergétique des lignes de production et réduire la dépendance aux énergies fossiles. D’autant plus que la courbe de diminution des émissions industrielles de gaz à effet de serre (GES) s’est stabilisée depuis 2015 à un niveau de 78 millions de tonnes de CO2 par an, ce qui représente 18% des émissions nationales en 2018. La décarbonation de l’industrie représente une opportunité de moderniser et d’améliorer la compétitivité d’outils de production parfois vieillissants.
Plusieurs axes d’action sont envisageables, notamment la maîtrise de l’énergie qui reste l’élément majeur. L’électrification des procédés et l’utilisation de vecteurs énergétiques tels que le biogaz et l’hydrogène, ainsi que le développement des énergies thermiques renouvelables et de récupération, permettraient également de diminuer le recours aux énergies fossiles. Seulement, porter des tels projets industriels associant des ambitions carbone ou d’efficacité énergétique demande des investissements conséquents. C’est pourquoi, dans le cadre du plan France Relance, le Gouvernement a prévu un soutien important aux entreprises avec 1,2 milliard d’euros d’ici 2022 pour la mise en place de ces solutions de décarbonation.
49 projets d’envergure soutenus
Lancés en novembre et décembre 2020, les premiers appels à projets (AAP) ont permis de retenir 49 projets. Ce qui souligne l’intérêt grandissant des industriels pour ce nouvel enjeu. Pour le volet “efficacité énergétique industrielle (IndusEE)”, 32 projets qualifiés d’envergure (avec un capex supérieur à 3 M€) sur les 73 dossiers vont être soutenus. Des projets qui pour la plupart, étaient déjà “dans les tuyaux”. Ils représentent un investissement total de 466 M€ à l’échelle nationale, pour une aide de 97 M€ issue du Fonds de décarbonation pour l’industrie. La diversité de projets a par ailleurs été révélatrice de la diversité mais aussi de la complexité des procédés industriels. La mise en oeuvre de ces projets permettra sur chaque site de réduire en moyenne les émissions de GES de 12,5%, cela représente plus 410 000 tonnes de CO2 par an évitées. L’Ademe a par ailleurs insisté lors d’un webinaire sur l’efficacité de l’aide publique : « Le point fort de ce dispositif, qui ne nécessite qu’un appui de dix euros par tonne de CO2 évitée sur 20 ans ».
Industrie énergo-intensive
De nombreux secteurs ont par ailleurs répondu présents à cet AAP, y compris les énergo-intensifs que sont la métallurgie, la sidérurgie et la chimie. Cette industrie lourde concentre les deux tiers des émissions industrielles, et 75% de ces dernières proviennent d’une cinquantaine de sites. Ainsi, le nombre de projets peut être similaire entre plusieurs secteurs, les bénéfices environnementaux engendrés seront bien plus importants pour ces énergo-intensifs (voir figure 2). Sur le site dunkerquois d’Arcelor-Mittal, le projet qui vise à injecter dans le haut-fourneau n°3 du gaz de cokerie afin de le substituer au coke enfourné, générerait à lui seul une réduction de 128 000 tonnes de CO2 par an. Ce projet n’est par ailleurs que la première étape du programme “Haut fourneau vert” qui devrait permettre d’atteindre une diminution de 17% des émissions liées à la production de fonte.
La biomasse également ciblée
L’appel à projets Chaleur Biomasse avait pour objectif de soutenir l’investissement mais aussi, et c’est une nouveauté, le fonctionnement de production de chaleur industrielle à partir de biomasse pour des projets ayant une production thermique supérieure à 12 000 MWh par an. 54 dossiers ont été déposés, et 17 ont été sélectionnés, représentant un investissement total de 130 M€. Ils bénéficieront d’un soutien de 44 M€ d’aide à l’investissement et surtout 83 M€ d’aide au fonctionnement. Cette subvention à l’opex sera versée chaque année aux bénéficiaires afin de compenser l’écart entre les coûts biomasse et les coûts de référence. Si ces AAP ne peuvent être mis au même niveau d’ambition technologique – l’IndusEE se focalise sur le coeur du process industriel alors que le BCIAT se consacre à l’évolution du mix énergétique – les deux ont rencontré un franc succès qui, selon l’Ademe, devrait être à nouveau entrevu pour lors des sessions prochaines de 2021.