Adapter sans dénaturer
Hausse des températures, risque de submersion, mouvements des sols... Les villes vont devoir améliorer la résilience de leurs centres anciens au changement du climat. Et ce, en préservant leurs principaux attributs patrimoniaux.
Avec l’accélération du dérèglement climatique, la fréquence et l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes sur les villes vont augmenter, comme l’ont projeté les experts du Groupement intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). L’importante hausse des températures sur des territoires minéralisés peut par exemple créer des îlots de chaleur urbains. L’intensification des pluies, face au manque de végétation nécessaire pour les absorber, conduit à du ruissellement toujours plus important dans les rues. La montée des eaux pour les communes du littoral à un risque de submersion. Les mouvements des sols à la déformation des fondations des édifices... En parallèle, dans les centres-villes, la préservation du patrimoine est indispensable et les aménageurs doivent en tenir compte.
« Comme l’a écrit la Commission des monuments historiques, ce qui résume une ville, ce n’est pas sa banlieue mais son centre ancien », contextualise Stéphanie Gaucher, référente nationale métier stratégie territoriale et urbaine pour le cabinet de conseil Inddigo*. Les municipalités doivent donc adapter leurs centres aux risques du changement climatique et ce, en prenant en considération leurs caractéristiques. Chacune n’est pas exposée aux mêmes intempéries et dispose de spécificités locales : date de construction et hauteur des bâtiments, taille des rues, degré d’imperméabilisation des espaces publics, etc. À l’intérieur d’une commune, les politiques d’adaptation doivent d’ailleurs se construire à une échelle très fine. « Nous ne rencontrons pas les mêmes problématiques d’une rue à une autre, les facteurs climatiques et géographiques changent, dont la proximité au littoral ou la protection au vent par exemple », détaille Stéphanie Gaucher.
Des risques différents
Le centre ancien de Marseille (Bouches-du-Rhône) par exemple de par sa position géographique et son relief, fait face à des risques de submersion, de ruissellement des eaux important sur certains axes et d’îlot de chaleur urbain. « Notre climat méditerranéen est intéressant à étudier parce qu’il va remonter sur les autres territoires français », avance Perrine Prigent, conseillère municipale de Marseille et de sa métropole.
La ville de Lille (Nord), très minéralisée, devra surtout affronter le risque d’îlot de chaleur urbain et composer des politiques qui prennent en compte celui de retrait-gonflement des argiles (RGA) (voir Énergie Plus n °694). En effet, au gré des pluies et des sécheresses, les premiers mètres des sols argileux situés sur la partie nord de la commune gonflent et se rétractent comme une éponge. Ces mouvements de sols peuvent fragiliser des bâtiments. Chacune de ces villes, avec l’aide d’Inddigo, a dressé un diagnostic des périls encourus par son territoire pour ensuite établir une stratégie d’adaptation.
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