Une société bas carbone sans perdre d’emplois

26 01 2022
Simon Philippe
TotalEnergies

Dans un rapport publié en décembre 2021, le Shift Project se penche sur les conséquences sur l’emploi d’une transition vers une société française bas carbone. Pertes dans l’automobile, développements dans l’agriculture, de forts contrastes sont mis en lumière pour une augmentation nette d’environ 300 000 emplois.

Comment transformer l’emploi, tant en volume qu’en qualité, pour permettre à la France de devenir une société bas carbone ? Une question cruciale à laquelle le Shift Project essaie de répondre dans sa dernière étude publiée en décembre 2021. Ce rapport s’inscrit dans le cadre du Plan de transformation de l’économie française (PTEF) du think thank qui propose des solutions pour décarboner différents secteurs tout en favorisant la résilience de l’emploi. Objectif : alimenter le débat public en vue de l’élection présidentielle.

Pour une transition vers une société bas carbone, les emplois de tous les secteurs seront touchés, de manière hétérogène et parfois massive. L’analyse porte sur 11,9 millions d’emplois actuels, soit 45 % de la population travaillant aujourd’hui. Les secteurs les plus concernés par la décarbonation représentent 4 millions d’emplois répartis notamment dans le transport, le logement, l’agriculture ou encore certaines industries. Au total, le think thank estime à 1,1 million la création et 800 000 la destruction d’emplois pour une hausse de la demande de main d’oeuvre de 300 000 à l’horizon 2050.

Transformer le transport

L’industrie automobile serait la première impactée avec 300 000 emplois perdus. En cause principale, le recul de l’usage de la voiture et donc par voie de fait de la production et la vente de véhicules. « Cette baisse serait accentuée par l’électrification, qui rend l’industrialisation et la réparation moins intenses en emploi d’environ 20 % », décrit le rapport. Mais une relocalisation des activités, notamment pour la fabrication de batteries, permettrait d’amortir ce résultat (voir Énergie Plus n°676). D’autre part, une généralisation de l’utilisation des véhicules électriques légers devrait entraîner un développement de ces secteurs. Pour le vélo est estimée, en tête de cette relance pour ces nouveaux usages, la création de 230 000 emplois.

La stabilité du fret et des mobilités longues distances repose, de son côté, sur de fortes modifications internes aux secteurs. Ainsi la réduction drastique des effectifs dans l’aérien (moins 38 000 emplois) est compensée par un doublement du transport ferroviaire longue distance (plus 37 000 emplois). Dans le fret, les pertes du routier, estimées à 112 000 emplois, seront compensées par le « dernier kilomètre » (111 000 emplois) et le ferroviaire/fluvial (16 000 emplois).

ShiftProject

Nouvel essor de l’agriculture

Là où le transport devrait être en perte nette d’emploi, l’effet est inverse pour l’agriculture. Le Shift Project estime à 500 000 le nombre d’emplois supplémentaires nécessaires d’ici à une trentaine d’année pour une société bas carbone dans cette filière. La relocalisation de la production de fruits et légumes en est la première cause avec 360 000 nouveaux emplois concernés, suivie par la généralisation des pratiques agro-écologiques (plus 133 000 emplois) et de l’intégration de valorisation par les producteurs (plus 42 000 emplois).

Enfin, les secteurs de l’administration publique, comprenant l’enseignement, la santé et la culture, soit 8 millions d’emplois, ne devraient pas voir de modifications majeures. Les filières de recyclage, réparation et réemploi ne sont pas quantifiées dans le rapport, mais devraient tout de même se développer significativement, « créant un volume d’emplois proportionnel à l’activité ».

Mais arriver à ce résultat ne se fera pas sans préparation. Ainsi, le Shift Project décrit plusieurs leviers sur lesquels s’appuyer pour réussir une telle transition. En premier lieu : la formation, que ce soit pour le développement de nouvelles pratiques ou une évolution de celles-ci. Évidemment, le think thank met aussi en avant l’importance du soutien de l’État pour la réalisation de cette tâche, tant au niveau national que territorial.

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