L’économie redémarre, les émissions de GES aussi

21 05 2021
Olivier Mary

Le 20 avril, l’Agence internationale de l’énergie a publié l’édition 2021 de son rapport baptisé Global Energy Review*. Elle y donne ses prévisions concernant l’évolution de la consommation énergétique mondiale et les émissions de CO2 associées.

Après une année 2020 marquée par la pandémie de Covid-19 et le marasme économique, le PIB mondial devrait connaitre un rebond en 2021. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la croissance économique mondiale pourrait atteindre près de 6 % cette année, dépassant la croissance du PIB en 2019. Selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE)*, cette reprise va entrainer une hausse de la demande en énergie de 4,6 %, portée principalement par les pays émergents. À la fin de l’année, elle sera plus importante qu’avant le début de la pandémie. Par conséquent, l’Agence craint un rebond de 1,5 milliard de tonnes d’émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) du secteur de l’énergie. Soit la deuxième plus importante augmentation de l’histoire, en un an. Les rejets frôleraient à nouveau le record absolu de 33 gigatonnes établi en 2018 et en 2019. Si la hausse de la demande d’énergie et les émissions de GES sont aussi étroitement corrélées, c’est tout simplement que les moyens de production ne se décarbonent pas ou peu, en particulier dans les pays émergents. « La reprise économique est actuellement tout sauf durable pour notre climat », reconnait Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE.

Énergies fossiles toujours d’actualité

Le rapport le confirme : les énergies fossiles restent massivement utilisées en dehors de l’Europe, y compris le charbon. Sa consommation pourrait remonter de +4,5% en 2021. 80 % de cette hausse est entrainée par l’Asie, en particulier par la Chine, qui représente à elle seule 55% de l’augmentation mondiale. Le gaz revient aussi en force. Évolution depuis 2019 du PIB mondial, de la demande totale d’énergie primaire Source : Global Energy Review et des émissions de CO2 liées à l’énergieLa baisse continue des prix et la croissance rapide des économies d’Asie et du Moyen-Orient devraient entraîner une hausse de 3 % de la demande cette année. Soit une augmentation de 1,3 % par rapport au niveau de 2019. Quant au pétrole, il est sur le point de connaitre lui aussi un très fort rebond après la pandémie, sans dépasser le nombre de barils consommés en 2019. Durement touché par les restrictions de déplacements, la consommation avait fortement décru l’année dernière. Mais en 2021, la demande devrait rebondir de 6 %. Un chiffre totalement inédit depuis 1976 et là encore, encore porté par le continent asiatique, la Chine en tête.

EnR : +8,3 %

Les énergies renouvelables, peu touchées par la récession de 2020, confirment leur poussée (+8,3 %), surtout grâce à l’essor du solaire photovoltaïque et de l’éolien qui devraient croître de 17% en 2021, contre 16% en 2020. Les productions d’hydroélectricité et de biomasse devraient également s’accélérer, mais dans des proportions bien plus faibles. La part des énergies renouvelables dans la production totale d’électricité atteindra près de 30 % à la fin de l’année. Enfin, la production d’origine nucléaire devrait croitre de 2 %. Sept nouveaux réacteurs ont été mis en service au deuxième semestre 2020 et au premier trimestre 2021, compensant les trois installations mises hors service au cours de la même période. Dix réacteurs supplémentaires pourraient d’ailleurs être démarrés d’ici la fin de l’année, dont quatre en Chine. Le mix énergétique mondial peine donc à se décarboner. Et il ne devrait pas beaucoup évoluer à court ou moyen terme. « À moins que les gouvernements du monde entier n’agissent rapidement pour commencer à réduire les émissions, nous serons probablement confrontés à une situation encore pire en 2022 », avertit déjà Fatih Birol.

*Rapport Global Energy Review 2021, IEA, Paris

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