L’innovation en matière de technologies bas carbone
Selon une récente étude, le nombre de brevets internationaux en innovation bas carbone est en augmentation depuis une vingtaine d’années. Le rythme de dépôt de ces brevets s’est toutefois grandement ralenti, sauf pour les technologies transversales et relatives aux secteurs d’utilisation finale.
« Au cours de la décennie précé dente, l’innovation en matière de technologies énergétiques propres a progressé plus vite que celle en énergies fossiles. » Voici une des conclusions tirées du rapport « Brevets et transition énergétique, Technologies énergétiques propres : tendances mondiales en matière d’innovation », réalisé conjointement par l’Office européen des brevets (OEB) et l’Agence internationale de l’énergie (IEA). Ces derniers ont ainsi analysé les tendances et dynamiques mondiales en matière d’innovation dans les énergies à faible émission de carbone (low-carbon energy – LCE) entre 2000 et 2019, mesurées en termes de familles de brevets internationales (FBI). Au total, plus de 420 000 FBI ont été déposées à l’échelle mondiale sur cette période. Celles-ci recouvrent des inventions de trois catégories : les technologies de production d’énergie sobre en carbone ; les technologies favorisant l’efficacité énergétique ou le passage à des énergies plus durables dans des utilisations finales (transports, infrastructures ou production industrielle) ; et enfin les technologies habilitantes et transversales sur l’offre et l’utilisation finale tels que les batteries, l’hydrogène, les réseaux intelligents ainsi que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone.
Technologies transversales en pôle position
L’Europe se place en première position des régions les plus innovantes du monde en matière d’énergies sobres en carbone, avec 28 % des demandes de dépôts de brevets depuis vingt ans. Le Japon (25 %), les États- Unis (20 %), la Corée du Sud (10 %) et la Chine (8 %) complètent ce quinté de tête. Excepté entre 2014 et 2016, une augmentation quasi continue des demandes déposées de brevets a été recensée chaque année. Ce taux de croissance annuel moyen des brevets LCE à l’échelle mondiale a toutefois bien ralenti par rapport à la première décennie, de 12,5 % jusqu’en 2013 à 3,3 % entre 2017 et 2019. Ce que regrette l’IEA qui a souligné que « les objectifs climatiques actuels ne peuvent être atteints que par une accélération majeure de l’innovation en matière d’énergie propre, car bon nombre des technologies nécessaires dans les décennies à venir pour réduire les émissions de CO2 ne sont aujourd’hui qu’au stade du prototype ou de la démonstration ». En matière de FBI, les technologies transversales et relatives aux secteurs d’utilisation finale qui jouent un rôle décisif dans la transition énergétique, représentent désormais la majorité (60 %) de l’ensemble des inventions relatives à l’énergie bas carbone. Les transports et la production industrielle sont les principaux secteurs d’utilisation fi nale entre 2000 et 2019, avec respectivement un total de 116 000 FBI et 86 000 FBI déposées sur cette période. Un des moteurs principaux de cette innovation a bien évidement été l’essor des technologies relatives aux véhicules électriques à l’image « des progrès considérables réalisés sur les batteries au lithium-ion rechargeables ». L’industrie automobile a ainsi réussi à placer six de ses constructeurs ainsi que six de ses principaux fournisseurs de batteries dans le top 15 des entreprises les plus innovantes.
Avec 17 487 brevets déposés entre 2000 et 2019, la France est le deuxième pays européen en matière d’innovation dans les énergies bas carbone, derrière l’Allemagne (52 684 brevets déposés) et devant la Grande Bretagne (11 289 brevets), et le sixième au niveau mondial. Safran (1 997 brevets), le CEA (1 772) et le groupe PSA (1 112) occupent les premières places nationales. Le CEA est par ailleurs en tête du top 10 mondial des organismes publics de recherche pour les technologies bas carbone, où sont également présents l’IFP Énergies Nouvelles et le CNRS.