Du gaz de décharge converti en électricité en Guyane
Soucieux de valoriser les effluents gazeux d’une installation de stockage des déchets à Cayenne, le Groupe Govindin, accompagné par Nerius Invest, a mis en service à Cayenne une centrale permettant de produire de l’électricité renouvelable à partir de cette ressource. Et ce, en un temps record !
Après tout juste cinq ans de réflexion, d’études et de travaux, la centrale biogaz des Maringouins, pleinement opérationnelle, a été inaugurée le 12 avril dernier à Cayenne (Guyane). Cet équipement permet de valoriser le biométhane provenant de la fermentation de 107 000 tonnes d’ordures ménagères de trois communautés de communes par an. En effet, ces déchets, traités dans une installation de stockage des déchets non dangereux (ISDND), produisent, en se dégradant, un biogaz riche en méthane. Celui-ci était jusqu’à présent collecté par un réseau, puis épuré, avant d’être brûlé en torchère.
Désormais, la nouvelle centrale le transforme en électricité grâce à deux moteurs électrogènes de 637 kW chacun, fournis par Clarke Energy. Elle produira environ 9 000 MWh d’énergie renouvelable qui sera achetée par le gestionnaire du réseau public de distribution EDF Systèmes énergétiques insulaires (SEI) à un tarif fixé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Cette unité permet ainsi d’alimenter près de 2 500 foyers en électricité renouvelable. Estimé à 3 millions d’euros, le projet a été soutenu à hauteur de 800 000 € par le Fonds de soutien à l’investissement industriel dans les territoires dans le cadre de France Relance.
Des délais réduits
Si ce projet avait l’air relativement simple sur le papier, notamment en utilisant des équipements déjà existants comme le réseau de collecte des effluents gazeux et l’unité d’épuration, de nombreux obstacles réglementaires, administratifs, logistiques et techniques ont dû être surmontés. C’est la start-up Nerius Invest qui s’est vue confier en 2019 par Gov’Environnement, délégataire exploitant de l’ISDND et fi liale du Groupe Govindin, la mission de piloter toutes les phases, des études de faisabilité jusqu’à la préparation des essais industriels, en passant par la construction de la centrale biogaz. Le tout en un temps record ! Selon Nerius Invest, il s’agit pour les territoires français ultramarins de la première centrale de production d’électricité en continu développée et construite en moins de cinq années, instruction de la CRE comprise.
« Le Groupe Govindin, sous l’impulsion notamment de son directeur général Pascal Govindin, avait déjà initié ce projet de valorisation de biogaz en électricité dès 2015. Mais faute d’avancement pendant quatre ans, il s’est rapproché de notre start-up afin de les accompagner de A à Z », précise Antoine Madoui, fondateur et directeur général de Nerius Invest.
Échanges soutenus
Pour mener à bien ce projet dans des délais si réduits, les échanges avec les parties prenantes, en particulier les collectivités territoriales et les services déconcentrés de l’État, ont été soutenus. Le marché étant de gré à gré, il n’y a par exemple pas de cadre d’analyse standardisé, ce qui requiert plus d’allers-retours entre le porteur de projet et l’instructeur pour répondre aux questions et obtenir les autorisations. Dans les décrets d’application des différents régimes-cadres, il y a également des interprétations administratives et bureaucratiques françaises qui s’opèrent et parfois s’opposent. « Ce n’est pas toujours facile d’harmoniser les exigences des administrations entre elles. Sur ces aspects d’interprétation, les services de l’État locaux nous ont aidés dans nos démarches auprès de l’administration centrale pour trouver des solutions de sortie », conclut Antoine Madoui.