Le parc énergétique peu affecté par le changement climatique
Dans son rapport consacré aux futurs énergétiques de 2050, RTE consacre une partie à l’impact du changement climatique sur le système électrique. Il ne devrait pas être déstabilisé mais des baisses de production sont à craindre, notamment dans le secteur du nucléaire.
Pour prévoir la production électrique à l’horizon 2050, il faut anticiper le climat du futur. En effet, avec des capacités renouvelables plus importantes, la production sera plus directement corrélée aux conditions météorologiques. S’il est complexe de connaître exactement ces paramètres, des tendances claires se dégagent et font consensus dans la communauté scientifique : hausse moyenne des températures, augmentation de la fréquence et de l’intensité des canicules, épisodes de sécheresse plus fréquents, moins de vagues de froid, etc. Pour déterminer le climat de la France en 2050, RTE a travaillé en collaboration Météo-France sur des projections, basées sur deux trajectoires du Giec : RCP4.5 s’appuie sur une augmentation de la température moyenne annuelle de 1,5°C et RCP8.5 table sur une hausse de 2°C.
Consommation stable
Le changement climatique va tout d’abord entraîner une évolution de la consommation d’électricité. En hiver, celle-ci va baisser d’une dizaine de térawattheures avec une demande moins importante en chauffage. En été, le phénomène inverse se produit, dans les mêmes proportions, pour les besoins en climatisation. L’écart sur les pointes de chauffage ou de climatisation n’est pas significatif entre les trajectoires climatiques RCP4.5 et RCP8.5. Dans les deux cas de figure, la consommation pour les besoins thermiques reste équivalente.
Si l’impact du climat sur la consommation est anecdotique, celui sur la production est bien plus important. Les capacités éolienne et solaire photovoltaïque ne seront pas influencées mais l’hydroélectricité pourrait bien être concernée. L’évolution du climat conduira très probablement à un moindre remplissage des réservoirs à la fin de l’automne et au début de l’hiver. Combiné à des périodes froides et/ou sans vent, ce phénomène pourrait mettre à mal l’équilibre offre-demande. À l’inverse, des apports hydriques plus importants au milieu de l’hiver et au début du printemps devraient permettre une utilisation plus importante du parc hydraulique à ce moment tout en garantissant la reconstitution des stocks pour l’été suivant. Au final, la production hydroélectrique s’élèverait comme aujourd’hui à une soixantaine de térawattheures en moyenne, malgré une hausse très légère de 1 MW de la capacité installée
1 à 2 TWh de déficit sur le parc nucléaire
« Le manque de débit et la température plus élevée des cours d’eau auront aussi des impacts sur le refroidissement des centrales nucléaires », révèle Thomas Veyrenc, directeur exécutif chargé de la stratégie, de la prospective et de l’évaluation de RTE. En effet, les prélèvements hydriques sont limités par la réglementation en cas de sécheresse. Cela oblige les réacteurs situés au bord des cours d’eau à baisser leur production, voire à s’arrêter. Une eau trop chaude a aussi plus de mal à refroidir les installations et impose des baisses de production. Par conséquent, une dégradation de la production annuelle de 1 à 2 TWh est attendue d’ici le milieu du siècle.
En cas de canicules intenses et persistantes, certaines années pourraient même enregistrer un défi cit de 10 TWh. « Le risque d’indisponibilité ne porte pourtant pas sur tout le parc mais seulement sur quelques sites : 80 % de l’impact est concentré sur quatre d’entre eux (ndlr RTE n’a pas souhaité préciser les installations nucléaires concernées) », détaille Thomas Veyrenc. Pour compenser cette perte, RTE avertit les pouvoirs publics : les futures centrales devront être positionnées sur des fleuves peu contraignants en matière de débits.