Une malterie parie sur le solaire thermique pour décarbonner son site industriel
Pour décarboner une partie de son process industriel, la malterie Boortmalt d’Issoudun a mis en service une des plus grandes centrales solaires thermiques en site industriel d’Europe. La production de près de 2 100 tonnes de CO2 est ainsi évitée chaque année.
Après la cogénération et la biomasse, c’est au tour du solaire thermique de participer à la décarbonation de la malterie d’Issoudun, située dans l’Indre. Avec l’appui de l’Ademe et de Kyotherm, la malterie Boortmalt, appartenant au groupe coopératif Axéréal, a en effet inauguré officiellement le 20 septembre dernier, la plus grande centrale solaire thermique alimentant un site industriel en France. Mise en service en mars 2020, cette installation d’une surface de 14 252 m² et d’une capacité de 10 MW génère une production de 8,5 GWh de chaleur durable et décarbonée par an. Cela permet ainsi d’éviter chaque année le rejet de 2 100 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Avec cette centrale, près de 50 % de la chaleur nécessaire pour les besoins de la malterie proviennent de sources durables : cogénération à hauteur de 15 %, biomasse à hauteur de 5 % et enfin solaire thermique pour 10 %.
« La malterie d’Issoudun, site de transformation historique des activités malt de la coopérative, a joué un rôle essentiel dans notre développement industriel. Au fil des années, elle a su se moderniser pour intégrer des technologies de pointe en faveur d’une production toujours plus durable », souligne Jean-François Loiseau, président d’Axéréal. Le groupe s’est ainsi fixé comme objectif de « réduire à minima de 50 % les émissions de CO2 d’ici 2030 sur l’ensemble du périmètre mondial de Boortmalt, en s’inscrivant ainsi dans les Accords de Paris sur le climat. »
Lauréat de l’appel à projets « Grandes installations solaires thermiques » de l’Ademe en 2018, l’installation a été développée par Kyotherm. Plusieurs partenaires techniques ont été associés à cette réalisation, notamment NewHeat pour la maîtrise d’oeuvre et la conduite de l’installation, Savosolar pour la conception-construction des champs solaires ou encore Dalkia pour l’intégration du solaire thermique aux installations actuelles. Stockée dans une cuve de 3 000 m3, l’eau chauffée par cette centrale solaire thermique peut être injectée soit directement dans le process, soit de façon différée dans un délai de 48 heures.
En période estivale, si les conditions météorologiques sont favorables, la centrale solaire thermique pourrait même être l’unique et seul apport de chaleur du site. Cette chaleur est indispensable au processus énergivore du maltage qui se décompose en trois grandes étapes : la trempe, la germination et le touraillage. Pour cette dernière étape, qui nécessite de grandes quantités d’air chaud pour sécher l’orge, le solaire thermique sert à préchauffer l’air avant injection.
Aide au fonctionnement
Si le solaire thermique se caractérise par des coûts d’exploitation très faibles, il implique toutefois un surcoût important à l’investissement. Celui-ci est estimé à près de 7 millions d’euros. Plus de la moitié sera financée par le fonds chaleur de l’Ademe : 3 M€ de subventions et une avance remboursable de plus de 530 000 euros. Cette dernière, qui s’apparente au fi nal à des aides au fonctionnement, va ainsi contribuer fortement à rendre compétitif cette énergie renouvelable. L’autre moitié du financement sera portée en capitaux propres par Kyotherm, avec le soutien du Crédit coopératif.
L’investisseur spécialisé dans le financement et la structuration de projets de production d’énergies renouvelables se rémunère ensuite par la vente de chaleur, via un contrat d’une durée de 20 ans établi avec Boortmalt. La filiale du groupe Axéréal ne compte toutefois pas s’arrêter là et envisage dès à présent de nouvelles pistes. Parmi elles, un projet basé sur la géothermie serait à l’étude avec l’Ademe pour poursuivre la décarbonation des activités de la malterie d’Issoudun. Autre piste, une solution étudiée avec la start-up Qpinch qui permettrait de convertir la chaleur résiduelle provenant du traitement des déchets issus des opérations de maltage en énergie valorisée in situ. Avec à la clé, 5 000 à 7 500 tonnes de CO2 évitées par an !