Sûreté nucléaire : l’ASN plutôt satisfaite

15 06 2021
Olivier Mary

L’Autorité de sureté nucléaire (ASN) publie la nouvelle édition de son rapport (1) consacré à la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France. Malgré la crise liée à la pandémie de Covid-19, elle s’est révélée plutôt satisfaisante en 2020. Mais le report de nombreuses activités pourrait créer des tensions sur le réseau électrique.

Si l’année 2020 a été profondément marquée par la pandémie de Covid-19, la filière nucléaire semble avoir traversé cette crise sans problèmes de sûreté particuliers. L’Autorité de sureté nucléaire (ASN) note même des améliorations malgré ce contexte difficile. « Les résultats de sûreté et de radioprotection s’améliorent globalement en 2020. Chez EDF, la rigueur d’exploitation a progressé avec une meilleure surveillance en salle de commande, un pilotage plus rigoureux des installations et des progrès sur la gestion des écarts les affectant », juge Bernard Doroszczuk, président de l’ASN. Chez Orano aussi, un bon niveau de sûreté s’est maintenu. Concernant le démantèlement, la reprise et le conditionnement des déchets anciens, le groupe a montré une gestion plus robuste selon l’ASN. Quant aux activités du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), elles restent sûres. Toutefois, de nombreuses recherches ont été annulées à cause de la pandémie. L’activité du CEA a donc été assez réduite l’année dernière.

Quelques bémols

Malgré sa satisfaction, l’ASN pointe quelques dysfonctionnements qui contrastent avec un bilan globalement positif. « Chez EDF, nous avons observé une régression dans la prise en compte de la radioprotection pour les travailleurs. Cela avait déjà été le cas en 2019 et ce phénomène s’est accentué en 2020 », note Bernard Doroszczuk. L’autorité regrette aussi la persistance d’écarts de conformité sur certains matériels, en particulier les groupes électrogènes de secours à moteur diesel destinés à assurer l’alimentation électrique de certains systèmes de sûreté en cas de défaillance des alimentations électriques externes, notamment à la suite d’un séisme. Concernant Orano, l’ASN maintient une vigilance sur la reprise et le conditionnement des déchets anciens pour permettre le respect des délais prévus par la loi. En outre, le CEA accumule les retards dans le démantèlement de ses installations anciennes présentant les risques les plus élevés. Enfin, la pandémie a eu quelques impacts négatifs, mais pas en terme de sécurité. « Le report de nombreuses activités a conduit à une situation tendue, notamment chez EDF. Les arrêts de réacteurs qui avaient dû être décalés ont été reprogrammés. Certains arrêts ont été réalisés durant l’hiver (cela se reproduira l’hiver prochain), ce qui crée des tensions sur l’approvisionnement en électricité », explique Bernard Doroszczuk. Ces reports entrainent aussi des tensions en terme de mobilisation des prestataires et de respect des obligations de contrôle des réacteurs.

Si la situation actuelle est plutôt bonne, l’ASN s’inquiète sur certains points à moyen terme. En effet, si elle a donné son accord pour poursuivre l’exploitation des réacteurs vieillissants de 900 MW pour les dix ans suivant leur quatrième réexamen périodique, elle craint que les travaux du grand carénage augmentent de façon trop importante la charge de travail de la filière. « Il faudra porter une attention particulière sur certains segments comme la mécanique ou l’ingénierie. EDF estime que la charge de travail des secteurs du génie civil et du contrôle commande sera multipliée par trois dans les cinq années qui viennent. Le secteur de la mécanique verra sa charge multipliée par six », précise Bernard Doroszczuk. À plus long terme, l’ASN craint l’horizon 2040, lorsque les réacteurs auront entre 50 et 60 ans. Si peu de nouvelles capacités sont installées et que les gains en efficacité énergétique sont insuffisants, prolonger encore la durée d’exploitation des réacteurs pourrait être envisagé. Mais rien n’assure que cela sera possible sans affecter la sécurité des installations.

 

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