Dépolluer l’air grâce à l’électricité

L’entreprise Aérophile a mis au point un système simple et peu consommateur d’énergie pour dépolluer l’air de ses particules fines. Neuf Para-PM seront notamment installés dans le futur village des Jeux de Paris 2024 qui est en cours de construction en Seine-Saint-Denis.
Depuis dix ans, Aérophile a installé un ballon captif au sein du parc André-Citroën situé dans le 15e arrondissement de Paris (voir Énergie Plus n°651). L’entreprise y mène avec Airparif et le CNRS des mesures de qualité de l’air grâce à des instruments installés sur sur celui-ci. Ce ballon est un outil parfait pour mesurer la pollution atmosphérique car il ne rejette aucun polluant. Il est en effet mû par un treuil électrique. Il réalise donc une cartographie très précise de l’air du sol à une altitude de 300 mètres.
Grâce à toutes les données accumulées depuis une décennie, notamment sur le comportement des particules fines, Aérophile a mis au point un nouveau système breveté de dépollution de l’air extérieur. La PME l’a totalement financé sur ses fonds propres pour un total de plusieurs millions d’euros. Le projet Para-PM, qui a débuté il y a deux ans, entre dans une phase plus concrète avec l’installation à Paris de deux appareils cette année.
Un système sobre
Le système prend la forme d’une ombrière de cinq mètres sur trois mais reste modulaire pour s’adapter aux besoins de différents types de sites. Il aspire jusqu’à 36 000 m3 d’air par heure grâce à des ventilateurs. Cet air ressort de l’autre côté presque entièrement dépollué : 95 % des particules sont filtrées. Cette technologie repose sur les principes de phénomènes électrostatiques intenses et sur un filtre autonettoyant qui détruit les poussières grâce à une lasure photocatalytique.
« Au lieu de faire passer l’air dans un simple filtre mécanique, ce qui est le cas de la plupart des systèmes de dépollution, nous électrifions l’air et nous ne capturons que les particules fines grâce à l’électricité statique, explique Jérôme Giacomoni, président du groupe Aérophile. Il faut juste nettoyer les filtres une fois par an : ils demandent beaucoup moins d’entretien que les filtres mécaniques classiques. »
Le Para-PM traite l’ensemble des particules de dix nanomètres - qui sont généralement trop petites pour être filtrées - à dix micromètres. Il permet de diviser par deux la teneur en particules fines jusqu’à trente mètres de distance. Et cela sans consommer de grosses quantités d’électricité. Il a besoin de 300 watts seulement par mètre linéaire. Couplé à 3 m² de panneaux solaires photovoltaïques, il peut donc devenir parfaitement autonome si les conditions météorologiques sont favorables.
130 piscines d’air pur par heure
Un premier prototype fonctionne déjà au sein du siège d’Aérophile. Un deuxième sera prochainement installé non loin de là dans le parc André-Citroën. D’autres, tous en Île-de- France, devraient l’être d’ici l’automne prochain. Le groupe souhaite proposer sa technologie à de nombreux interlocuteurs différents : collectivités, établissements d’enseignement, hôpitaux, Ehpad, entrepôts logistiques, gestionnaires de parkings souterrains et de transports en commun, etc.
Elle pourrait être particulièrement adaptée pour purifier les tunnels de métro. Cependant, le premier débouché trouvé est sportif. La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) a prévu d’équiper de neuf Para-PM le village des athlètes en construction à cheval sur les communes de Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine et L’Île-Saint-Denis. Ils seront installés sur la place olympique située le long des berges de la Seine et à proximité de l’autoroute A86. Ils formeront une barrière anti-pollution de 45 m de long et diffuseront l’équivalent de 130 piscines olympiques d’air pur par heure, soit un volume de 324 000 m3. Le déploiement du Para-PM est également à l’étude dans plusieurs grandes villes européennes.